dimanche 11 décembre 2011

Moments obscurs

J'ai déjà partagé sur ce blogue le fait d'avoir travaillé au terrain de jeux. Comme si je n'en avais pas eu assez, à la fin de mes études, j'ai décidé, le temps d'un été, d'être accompagnante pour un enfant "spécial".

Spécial dans le sens de "pas comme les autres", super brillant, souriant, intéressant, mais avec une perception de ses pairs et des règlements un peu différente de la nôtre. Un beau bonhomme de 5 ans, que je nommerai Flash, comme dans Flash MCQuenn, son idole de l'époque.

Un jour, mon Flash a fait quelque chose que j'avais trouvé vraiment particulier. Dans un moment de désorganisation assez avancé il m'avait dit des choses très précises. En criant et en pleurant, il avait souhaité pouvoir me découper en petits morceaux et me tirer à la poubelle... et il s'était repris: ce n'était pas dans la poubelle qu'il souhaitait me voir, mais plutôt dans la toilette, et pouvoir tirer la chasse d'eau.

Étonnamment, ce moment était une grande percée, un avancement en quelque sorte. Il verbalisait sa colère plutôt que de la transformer en coups et en gestes. Fort heureusement, je suis faite d'un matériel assez résistant pour faire face aux déchirures (jusqu'au jour de mon accouchement...) et aux possibles blessures des paroles d'un enfant de 5 ans.

Tout ça pour dire, que j'ai pensé à Flash hier... J'ai eu dans ma tête des images et des idées impossibles. Mais comme j'ai analysé le tout il y a 5 ans, je crois que ces images sont saines et surtout libératrices.

Louloute m'a mis à "boutte" comme on dit. Après le refus de la sieste, ce fut le refus de revenir du parc... Un seul coin de rue à faire, qu'il a fait dans mes bras, moi à forcer comme une démone pour le ramener, lui ramant évidemment à contre-sens. Le tout avec une mini-poussette dans laquelle je ne suis plus capable de l'attacher pour revenir, et une petite soeur qui empiète sérieusement sur ma forme physique ces jours-ci.

J'ai pensé à Flash qui voulait me découper en petits morceaux... et j'ai aussi pensé que les enfants font ressortir le plus beau et le plus mauvais de nous-mêmes. Je suis restée une bonne mère, jamais mes gestes ou mes paroles ont été déplacés, mais il m'a mis "à boutte"... En le couchant au retour, je lui ai dit, comme je dis à mes élèves dans les situations extrêmes, "Je suis trop fâchée, je ne veux pas te parler maintenant". Je suis allé "décanter" le tout...

Fort heureusement, rien de tout l'amour que j'ai pour ma grosse Louloute n'a été abîmé. J'en ris d'ailleurs aujourd'hui. C'était une première fois, mais sans doute pas une dernière...

Aux mamans ou aux futures mamans qui me lisent, vous penserez à moi quand vous aurez envie, pour vrai, de transformer vos petites bêtes en mille morceaux.




2 commentaires:

  1. Je me confesse...cela m'est arrivé à plusieurs reprises! On est humaines, on a nos limites. Et surtout à l'âge que Raphaël traverse, il y a des moments plus difficiles! Ils travaillent leur caractère (le forgent) et travaillent le nôtre en même temps!

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  2. OUfff... je ne suis pas extra-terrestre... Ou m'approchant de la démence! Ou on est deux??? ;)

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