Quand quelqu'un décède ou quand un grand départ se vit, on dit souvent que les souvenirs restent, que la personne vivra toujours tant qu'on pensera à elle. En fait, en y réfléchissant bien, nous sommes une somme de souvenirs pigés dans le temps. Se souvenir de ce que nous avons fait il y a deux minutes, deux heures, deux ans... Se souvenir de ce qui nous a marqué, touché, de ce qui a de l'importance à nos yeux.
Qu'arrive-t-il quand "se souvenir" n'est plus une faculté sur laquelle on peut se fier? Je ne parle pas ici d'oublier d'acheter L'INGRÉDIENT à l'épicerie, mais de ne plus se souvenir de l'essentiel... peu à peu ne plus se souvenir de qui nous sommes.
Ne plus se souvenir de sa date de mariage, de son numéro d'assurance sociale, du fonctionnement d'un nouvel apareil électronique... si ce n'était que ça. Le pire c'est de ne plus se souvenir de qui nous sommes réellement et profondément. Quand la mémoire oublie nos réactions habituelles, notre spontanéité et notre personnalité. Quand notre chanson perd ses couplets et devient une répétition des mêmes refrains, sans qu'on en soit conscient...
C'est triste et touchant de voir un proche se transformer et se dissocier de ce que nous en connaissions à l'origine. C'est triste de faire graduellement un deuil, tout en vivant encore de beaux moments, tout en gardant les choses le plus simplement possible. C'est touchant de voir cet être aimé patauger dans sa nouvelle réalité, à la quête d'informations, à tenter des stratégies de toutes sortes pour se convaincre que tout est normal, c'est touchant de voir les autres autour...
Je ne voudrais jamais devoir choisir ma maladie ni celle de mes proches. Je les déteste toutes. Elle me mette toute mal à l'aise. Mais je trouve particulièrement triste de voir une personne que j'aime disparaître... bien qu'elle soit encore bien là devant moi...
Ma grand-maman a été touchée par cette maladie. Un certain 1er janvier au matin, papa et moi allions la chercher pour le jour de l'an. Elle était assise au bout du lit et avait tenté d'enfiler ses bas de nylon. Après avoir enfilé une jambe, elle n'avait pas su quoi faire avec le restant de bas de nylon. Elle l'avait coupé avec des ciseaux.
RépondreSupprimerJe me rappellerai toujours de cette bien triste image et de l'explication de mon père à sa fille sur la réalité que vivait sa propre mère.
Dévastatrice cette maladie. Être là, sans trop y être.
Je te comprends.
... et c'est pour tout ça qu'il faut profiter des bons moments encore possibles avec nos proches, surtout nos aînés.
RépondreSupprimerpas besoin de te convaincre que ce texte m'a vraiment vraiment touchée.. pas de mot juste merci pour ce texte.Émilie
RépondreSupprimerOh my god Cath, je lis tes annecdotes depuis 2jours dans mes temps libres, et c'est celle-ci qui m'a rendu les yeux pleins d'eau. Tellement beau et tellement bien dit....
RépondreSupprimerRoxanne xxxx